L'avion
s'est immédiatement mis en branle. Il a pris son élan sur la piste,
puis a décollé en nous abandonnant au milieu de nulle part...Comme
des clampins, on était plantés là, dans cet environnement inconnu,
où on se sentait aussi à l'aise qu'un autocar de culs-de-jatte
égaré au mondial de la godasse.
Non,
ce n'est pas tiré d'un script de Michel Audiard, mais du dernier
ouvrage d'un auteur à la plume bien pendue, Arnaud Le Guilcher.
Ce bouquin, ''Pile entre deux'', est son troisième roman, après ''En moins bien'' et sa suite ''Pas mieux'' narrant les aventures surréalistes d'un looser magnifique, qui commence par paumer sa femme lors de sa lune de miel à cause d'une sombre histoire mêlant reproduction de pingouins et bibine avant de la retrouver quinze ans plus tard (et ceci, mesdemoiselles, mesdames et messieurs, est ce que l'on appelle un spoil).
''Pas mieux'' finissant sur un abominable cliffhanger digne d'une saison des Experts (...wait ?), j'attendais avec une impatience presque contenue la suite avec ''Pile entre deux'', qui nous intéresse ici.
Enfer, damnation et frustration : je me suis planté dans les grandes largeurs, vu que ce dernier bouquin n'a rien à voir avec les deux autres (côté scénario). C'est donc avec la circonspection toute relative caractéristique du gibier commun fasciné par les deux phares qui semblent -de toute évidence- lui demander des nouvelles de ''sa-femme-son-gosse-le-boulot'' que je me suis plongé dans ce beau pavé de quatre-cent pages aussi bleu qu'une bouteille d'eau minérale fraichement sortie de sa french manufacture.
Car
JUSTEMENT, tout commence avec une bouteille d'eau (comme quoi les
transitions, y'a pas à chier, ça s'invente pas) qui débutera la
narration et qui la reprendra régulièrement tout au long du livre.
Si
je devais me qualifier, je dirais ceci « Je suis une bouteille
de flotte super classe et aussi écologique que possible ». Si
vous allez jusqu'au bout du bouquin, je vous promets pas le chef
d'oeuvre mais je vous jure que vous et moi, on va faire un grand
voyage.
Et
c'est en effet un très long et jouissif voyage que l'on va parcourir
en compagnie d'Antoine Derien, architecte naval sans emploi,
narrateur principal de l'histoire et fils d'un père qui l'emmerde.
Son voyage, il s'étendra de la Défense, où il tentera d'arracher sa femme Judith, surdouée des mathématiques, du Palais Brongniart avec son pote yogiste Fano, jusqu'à un atoll dans le trou de balle du Pacifique avec pour seule compagnie une tripotée de financiers, des goëlands, un phoque pédéraste et un océan de plastique, le tout avec une escale par les tréfonds de son intimité (du narrateur, pas du phoque).
Son voyage, il s'étendra de la Défense, où il tentera d'arracher sa femme Judith, surdouée des mathématiques, du Palais Brongniart avec son pote yogiste Fano, jusqu'à un atoll dans le trou de balle du Pacifique avec pour seule compagnie une tripotée de financiers, des goëlands, un phoque pédéraste et un océan de plastique, le tout avec une escale par les tréfonds de son intimité (du narrateur, pas du phoque).
En
résumé, un roman génialement satirique sur des thèmes aussi
''funky'' que les désastres écologiques et économiques, le tout
enrobé du style d'écriture inimitable du bonhomme qui te décrispe
les zygomatiques au minimum une fois par page.
Je
m'imaginais comme un alpiniste gravissant seul la montagne de la
connerie. J'étais arrivé au sommet. J'étais le con le plus haut du
monde, le con le plus grand, le plus majestueux. La vue était
sublime. Par temps dégagé, je pouvais voir au lointain poindre les
collines de l'intelligence, celles qui dessinaient leur bosse au
milieu de la plaine de la jugeote. Mon Dieu, que ces terres me
paraissaient lointaines, quasi inaccessibles. J'étais bien trop
demeuré pour envisager y poser un jour les pinceaux .
En
résumé : c'est d'la bonne (comme les deux premiers).
Brenda. (Y'en a un qui a changé de nom et qui préfère, désormais, se faire appeler Brenda le Panda...)
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