Mes
co-passagers acquiescent de la tête mais la harpie ne se calme pas
pour autant et persévère. Elle braille à la fois après la petite
demoiselle de plus en plus vaseuse et après le contrôleur qui doit
se maudire intérieurement de l'avoir mandée. Elle veut savoir à
quelle heure a eu lieu sa blessure pendant que les deux autres
médecins s'acharnent patiemment à lui faire plier et déplier la
main. L'homme-accompagnateur me paraît au comble de la gêne. Au
bout de dix minutes d'incompréhension linguistique, on apprend que
la demoiselle s'est blessée à 7h le matin même. Les deux médecins
restent calmes mais adoptent un air grave typiquement significatif :
il faut des points, le mieux serait de faire venir les pompiers à
Dijon pour prendre en charge la malheureuse.
C'est
peine perdue, la demoiselle et l'homme qui semble l'accompagner ne
font que répéter "Besançon, Besançon", "descendre
à Besançon". La harpie, va savoir pourquoi et comment, se
calme d'un coup, d'un seul et reste coite. Les deux gentils médecins
eux, prodiguent leurs bons conseils à la jeune fille tout en
cherchant des yeux l'approbation de son accompagnateur. C'est chose
faite, elle ira aux urgences en arrivant à Besançon. Oui, oui elle
ira. Mais oui elle ira. Elle le promet.
Les
médecins, la harpie et le contrôleur s'en retournent à leurs
occupations pendant qu'avec les trois autres passagers, nous nous
extasions de ce voyage en train qui sort de l'ordinaire en singeant
les médecins. Le mot Dr House est revenu plusieurs fois. Le mot
connasse aussi.
Entre
Montbar et Dijon, le calme est revenu, la vie silencieuse du train
aussi mais revoilà notre héroïque contrôleur qui cette fois,
vient réellement nous contrôler. Il feint d'avoir oublié les
événements d'alors et joue le rôle du contrôleur lambda qui ne
fait que son travail et à qui de tels péripéties ne sont pas
encore arrivées ce jour. Il nous sort, tout fier de lui, un
« bonjour » rayonnant! Nous rions tous de plus belles et
la bonté dans l'âme, il ne vérifie même pas nos cartes de
réduction d'un petit air entendu : « Attendez les mecs,
c'est pour moi. Si,si, ça me fait plaisir ! Mais puisque
j'insiste ! ». J'oublie, à un nouvel échelon, ma
timidité d'avec les inconnus, je déclare tout de go, en y mettant
toute ma reconnaissance si c'est possible, au contrôleur, en lui
tapant presque sur l'épaule :
«
Vous m'avez fait ma journée! ».
La fin... Demain!
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