mardi 9 avril 2013

Les 18 400 chômeurs de plus et moi



  Irving Penn - Les Petits Métiers



Ayant toujours été nulle en maths et flemmarde du calcul trop poussé, vous vous débrouillerez comme des grands pour calculer que 18 400 chômeurs supplémentaires, fin mars, par rapport à fin janvier où nous n'étions "que" 10,3%, (soit une hausse de 0,6% ), et ben ça commence à faire beaucoup non?


 Pas plus tard qu'en fin de matinée, en allant à la sécu (je suis la parfaite assistante paperasse dévouée de ma copine bien aimée Johnny Jones) pour imprimer une simple putain d'attestation de carte vitale (toute une péripétie apparemment compliquée que je vous épargne), j'ai fait la connaissance d'une dame sympathique qui en deux minutes, m'a appris qu'elle est travailleuse précaire (10h par mois), qu'elle se sentait complètement exploitée mais qu'elle n'avait pas le choix parce qu'elle ne trouve pas d'autre travail. Que sa fille est apprentie, employée modèle dans la vente, a eu son diplôme avec mention, ne compte pas ses heures pour un microscopique salaire (normal), que ça l'inquiète gravement et qu'il ne fait vraiment pas bon ni être jeune, ni être vieux, ni être une femme, ni être un homme, ni être dans la merde quoi. 

 Sur ce, mon coeur s'est serré, d'autant plus que je contemplais en même temps une toute jeune-très jeune maman avec son fils et le grand père dudit fils. Le grand père s'amusait avec le gamin pour l'occuper et éviter la crise de nerfs au beau milieu d'inconnus plongés dans un silence de marbre. Tant de gens désorientés au mètre carré (ou malades, vu qu'on est à la sécu) c'est juste désespérant. Mais vraiment. Dans cette salle d'attente régnait une atmosphère de calme angoissant où tout le monde se sourit en compatissant sans même savoir ce qui peut bien amener ce petit monde à attendre un employé disponible. Vous me direz, dans le bus, à la caf, chez pôle emploi, c'est le même scénario. Scénario qui me déplaît au plus haut point. 

 Le gamin n'a même pas pleuré et n'a presque même pas protesté après sa mère quand son bonbon est finalement tombé par terre.


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