mardi 30 avril 2013

Héroïne #3 : Annie Leibovitz

Beaucoup de photographes reconnus m'ont amenée à aimer d'amour la photo et finir par décider d'en faire mon métier. Des images de Man Ray, Peter Lindberg, Irving Penn, Sally Mann, Nan Goldin, Capa, Cartier-bresson, Depardon, Lee Miller et j'en passe ont été comme des révélations. Annie Leibovitz a toujours eu une place particulière dans mon coeur. Une femme hors du commun.




  Que vous la connaissiez ou pas, vous êtes forcément tombés sur ses photographies. La dernière photo de Lennon vivant, c'est elle. La lubie des femmes célèbres qui posent enceintes et nues en couverture de magazines, c'est elle (Demi Moore nue en couv' de Vanity Fair a initié le mouvement en 1991 ). Les Blues Brothers le visage peint en bleu c'est elle (Rolling Stone magazine), l'immense campagne publicitaire Got Milk, c'est elle. La liste est longue en tout cas puisqu'elle a commencé chez Rolling Stone et qu'elles a suivi les Stones en tournée dans ses jeunes années, elle bosse maintenant pour Vanity Fair, Louis Vuitton et Vogue U.S.A notamment. Pour la comparaison, il est dit que pour "être reconnu" (musique et cinéma en tête) en France il faut avoir posé pour le studio Harcourt, à l'international, ce serait pour madame Leibovitz. Tout ce qui se fait de plus glamour, elle est passée par là. Cela dit, célèbre pour célèbre, là n'est pas l'essentiel. 

  L'essentiel, c'est ses idées, sa démarche, la réflexion ou les questionnements que cela entraîne. Exemple : Meryl Streep pour Rolling Stone, à la vieillesse radieuse, qui pose avec un masque de beauté en se pinçant les joues. Derrière? Critique de la chirurgie esthétique et ses dommages irréparables. Qu'on apprécie les images d'Annie Leibovitz ou non (accessoirement elle a eu de gros problèmes financiers et bien failli perdre ses droits d'auteur. Je ne sais pas comment ça s'est soldé. Il faut dire que la légende veut qu'elle aie offert des Minox très coûteux à ses fans les plus chers en plus des 5D à ses assistants... Dans cet article de l'Express en 2010, ils l'ont démolie), il y a un travail de malade en amont et la mise en scène elle même est à saluer. Par exemple, sur ses séries sur les contes de fées revisités avec des V.I.P dans les rôles titres (pour Vogue U.S) ou les images du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola (toujours pour Vogue U.S). Même son portrait de la reine d'Angleterre, Elisabeth II est propice au questionnement. Que doit se dire chaque matin une femme âgée qui est reine d'un pays dans le monde actuel? Leibovitz vous donne une idée de réponse. The Queen regarde par sa fenêtre, dans sa tenue de gala, il fait gris, la pièce est sombre et a part la fenêtre, il n'y a que la reine qui prend la lumière. Lassitude? Fatigue? Poids du devoir et de sa couronne? Allez savoir...

  Les images qu'elle a produit dans sa sphère familiale sont pour moi, encore plus fortes. Notamment celles de l'amour de sa vie, l'écrivain Susan Sontag décédée d'un cancer en 2004. Leibovitz l'a photographiée jusqu'à la fin comme une Nan Goldin aura suivi ses amis (sa vraie famille dit elle) à travers les dégâts du sida dans les années 80 (The Ballad of Sexual Dependency, oeuvre magnifique) et comment vous dire... C'est de toute beauté. Là où certains sont gênés de regarder des personnes agonisant sur leur lit d'hôpital, je trouve qu'il y a des choses qu'il faut accepter de regarder, au moins une fois. Même constat quant aux images d'enfant malades de la malnutrition (on est d'accord, c'est insoutenable et je ne conseille pas de les regarder tous les jours, sinon bonjour le malaise...). Par ailleurs, quant aux photographies du quotidien, certaines images de Sally Mann ont posé la question de la nudité des enfants (elle a photographié ses enfants dans leur vie de tous les jours, nus, ou sa fille clope au bec), certains ont crié au scandale, mais honnêtement? On a pas tous une photo de nous gamins à poil dans une baignoire, avec ses frères et soeurs ou ses cousins peut être? 

 Pour vous faire une idée, regardez le film qui était passé sur Arte. Annie Leibovitz : A photographer's life, 1990-2005. Vous ne serez pas déçus du voyage!



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