mardi 21 mai 2013

''J'aime me lever pour aller au travail le matin''

Cette phrase à elle seule me permet d'accéder instantanément à l'état de paria ou de danger imminent pour l'ordre établi des choses, de la géométrie, de l'esprit et du bon goût.

  Soit. On s'en est pris à différentes parties de la population pour moins que ça (suffit de voir les récents événements de l'actualité sur lesquels je ne reviendrai parce que, merde à la fin, on sait que le Français est passablement entamé au niveau du citron et qu'il n'y a plus besoin d'insister sur ce point). S'il le faut, je me ferai le Don Quichotte combattant fièrement une horde de moulins à vents dirigés par la Christine Boutin des gens qui ont décidé que ''bosser, c'est le mal, et se lever le matin, c'est encore vachement pire'' (genre d'à priori qui a conduit, par exemple, d'innombrables jeunes lycéens à détester cordialement leurs enseignements de philosophie et de n'y manifester qu'un intérêt somme tout assez limité, voire quasi, mais pas tout à fait, nul). Bref, toujours dans le même registre des idées reçues, il paraît qu'il n'existe rien de plus profondément emmerdant que d'écouter (ou lire en l'occurrence) un type parler de son métier.

 Cher amateur de pandas, si tu considères comme acquis ce postulat, je te conseille avec toute la chaleur humaine possible (genre, la même chaleur que tu ressens quand tu sirotes une boisson à moyenne voire forte teneur en éthanol en compagnie de bonnes gens que tu tiens en haute estime) de voir ailleurs si, au cas où, tu n'y serais pas, histoire de te frotter à l'éventualité d'une bonne introspection et réfléchir sur les notions de paradoxes et de schizophrénie (bien au contraire). Mais pourquoi – WAT DA FUQ – ferais-je une chose pareille ? D'une part, parce qu'on m'a demandé d'écrire des petites choses pour ce merveilleux drugstore, que le sujet était libre, que mon métier est - lui aussi!- sujet à de nombreuses idées reçues, et que j'avais envie, pis c'est tout, merde (deuxième ''merde'', mon langage n'est plus aussi châtié qu'autrefois) !

  Pour en venir aux faits, je suis ''développeur'', ce qui veut dire que je suis payé à écrire des lignes de code informatique censées communiquer à ces salop*ries de machine ce que je souhaite d'elles (ce qui, après réflexion, risque de me faire passer pour un dangereux maniaque atteint d'un sérieux complexe de ''Dieu, le père''). Autrement dit, je suis un de ces types qui conçoivent et écrivent des programmes pour vos ordinateurs / téléphones. Pour préciser un peu la chose, je suis encore étudiant pour à peu près 2 mois dans ce domaine, et est actuellement en stage chez un éditeur de logiciels bisontin.

  J'arrive à imaginer vos mines atterrées, voire cette condescendance que vous vous efforcez de ne surtout pas cacher, ainsi que les premières réflexions qui vous viennent à l'esprit :

- "Argh, encore un de ces nerds !" => Je ne souhaite pas tomber dans le piège du ''geek vs nerds vs no life'' une énième fois. Non, vous n'êtes pas des geeks parce que vous passez vos soirées sur Facebook ou que vous avez un iPhone. Je me considère comme geek, parce que je suis un passionné, comme vous vous êtes passionnés de football, ou de cuisine thaïlandaise ou de collection de timbres. Donc c'est triste, mais on est pareil. Sauf que nous, on est à la mode maintenant (et paf, dans ton cul).

- ''Les développeurs, c'est des associables'' => FAUX !!! La communication est essentielle dans notre métier. Dans l’ingénierie logicielle, il existe même des méthodes de travail, entièrement basées sur la communication entre les personnes pour travailler au mieux : on les appelle les méthodes ''agiles'', et c'est tout un autre sujet que – peut être un jour – j'aborderai. Côté perso, merci, j'ai des potes et je sors même de chez moi des fois.

- ''Bah l'informatique, c'est pas de la science, suffit juste de connaître un langage et c'est marrant => FAUX, ARCHI FUCKING FAUX !!! D'ailleurs, on parle bien de ''computer science'', chez nos amis les anglophones, et les problèmes que l'on a à résoudre sont souvent de l'ordre du casse-tête mathématique (sens la vibe t'envahir aux douces inflexions du mot ''algorithme''). Je rajouterais même, et je l'ose, que programmer tient MÊME de l'art : un langage peut être syntaxiquement élégant, une manière de coder peut être jolie / magique (mauvais signe) comme très mal foutue.

  C'est donc pour cela que j'ai du plaisir à me lever le matin : car j'aime ce que je fais, et que j'en suis -au bas mot- absolument passionné. Et plus sérieusement, je suis assez conscient de la chance que j'ai d'avoir goûté à ce sentiment, même pour une simple période de stage de quelques mois ; sentiment que j'aimerais évidemment prolonger pour le reste de ma vie professionnelle, ce qui représentera – à une vache près – environ les deux tiers de ma vie tout court. Donc, ami lecteur, si te lever le matin est un véritable calvaire et que la simple vue de ton lieu de travail te colle un urticaire géant, sache que je suis de tout cœur avec toi, et que, si la conjoncture actuelle était plus simple, s'il était possible de se passer un temps de ce qui te donne de quoi vivre et de pouvoir facilement rebondir, je te souhaiterais sincèrement de pouvoir tout lâcher pour pouvoir faire un truc qui te fait vibrer.

 Peace. Et désolé pour mon amour immodéré pour les forêts de parenthèses et les bambouseraies de négations. Sii iou soune !


Das klein profil :

Joan Racenet, né un jour de froid et de neige en l'an de grâce 1990.

  
Informaticien de mon métier et geek de mon état, j'ai poursuivi un cursus universitaire de type LMD en m'arrêtant au 'M'. On ne peut donc pas décemment affirmer que je suis totalement masochiste.

Je suis donc un fieffé passionné de jeux vidéos et de nouvelles technologies en général, mais aussi de littérature (mes goûts sont beaucoup plus larges que le traditionnel diptyque fantasy/science-fiction), de musique de tous horizons et de tout un tas de diverses choses, incluant la bonne bouffe, philosopher sur le sens de la vie et ma collection de chaussettes préférentiellement laides.










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